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Analyses

Assume !

seringue“Oui, j’ai acheté du papier toilette, mais ce n’est pas ce que vous croyez. Je suis toujours une princesse, je ne fais pas caca. Je l’utilise comme marque-page.” C’est un peu ce que nous a expliqué Maria Sharapova ce lundi (4 mars 2016) depuis un hôtel du centre de Los Angeles. En matière de dopage, quelque soit la discipline, les sportifs ont une coutume. Avant de s’expliquer, ils achètent “L’Illusionisme pour les nuls” et s’équipent d’une belle bougie pour tenter de nous faire prendre leurs vessies (positives) pour des lanternes. Souvent trop court, le délai entre le contrôle et la révélation ne permet pas d’achever la lecture, d’apprendre à maîtriser les rudiments de cet art pour rendre l’illusion crédible. N’est pas David Coperfield qui veut.

Pour sa défense, “la Tsarine” s’est livrée à un argumentaire aussi bancal qu’une table à trois pieds. “Depuis dix ans, je prends un médicament qui s’appelle ‘mildronate’ (aussi appelé ‘meldonium’), sur prescription de mon médecin de famille”, a-t-elle confié. “J’ai pris ce médicament pour la première fois en 2006. J’étais souvent malade. J’avais la grippe, une arythmie cardiaque  et des signes de diabète, sachant qu’il y avait des antécédents de diabètes dans la famille.” Seul hic, la première étude montrant un possible effet positif du meldonium sur le diabète date de 2009. “Il y a eu certaines expériences chez les animaux qui montreraient que, peut-être, le meldonium préviendrait le diabète mais il n’y a pas eu de réelles études”, a affirmé Jean-Pierre Castiaux, médecin du sport et professeur à l’Université catholique de Louvain. “Et aucun produit ne marche réellement pour prévenir cette maladie”.

En ce qui concerne l’arythmie cardiaque, l’argument est plus recevable. Le meldonium a pour but originel de soigner des cardiopathies en “amélior[ant] le passage de l’oxygène dans les cellules”, a détaillé Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport spécialiste du dopage. “Qui dit amélioration de l’oxygénation, dit intérêt pour les sportifs. Donc ça a été utilisé dans le cadre sportif – ça l’est toujours – et ça améliore, a priori, les performances des sportifs d’endurance. Ça permet également de jouer sur la récupération et ça améliore le transport du glucose, donc ça apporte un plus au niveau énergétique”. Intéressant quand on sait que Sharapova a remporté 40 de ses 44 matchs en 3 sets sur terre battue, la surface la plus exigeante physiquement, après 2006. Soit 91 % de victoire (6/9 avant 2006, 67% de victoire). Depuis de nombreuses années le péché mignon de la grande blonde aux yeux clairs est utilisé par des sportifs de haut niveau pour ses propriétés dopantes. Intégrée au programme de surveillance de l’Agence mondiale antidopage l’an passée, cette hormone figure sur la liste des “potions magiques” prohibées depuis 1er janvier dernier.

La joueuse dont le cri à la frappe peut dépasser les 100 db n’est donc hors des clous que depuis cette date. Avant que l’AMA alias Ponce Pilate ne la crucifie, elle n’avait rien à se reprocher par rapport à la loi. Alors, plutôt que de nous servir des explications à la comestibilité douteuse, pourquoi ne pas assumer ? “Moi, président Maria Sharapova, j’ai pris du meldonium depuis 2006 pour améliorer, en toute légalité, mes performances sportives. Ma seule faute est de ne pas avoir noté le passage de mon super sugarpova sur la liste des produits interdits.” Maria Sharapova a voulu jouer la carte de l’honnêteté et du courage en révélant d’elle-même (poussée par l’ITF ?) son contrôle positif. Le vrai courage n’aurait-il pas été d’assumer vouloir booster ses capacités physiques ? Quitte à écorner son image de princesse en s’essuyant royalement le derrière avec marquant sa page avec l’éthique.


 

Bonus : “J’ai lu que 55 athlètes ont été contrôlés positifs à cette substance (le meldonium) depuis le 1er janvier. Dans le sport de haut niveau, on ne s’attend pas à ce qu’il y ait autant de sportifs qui souffrent de problèmes cardiaques.” – Andy Murray

Discussion

3 réflexions sur “Assume !

  1. Poussée par l’ITF ? Sauf si cette dernière a changé sa règle de conduite, qui est claire, et conforme aux directives de l’AMA qui laisse le choix aux fédérations de publier ou non les décisions de suspensions PROVISOIRES* (en attendant le jugement définitif rendu à l’issue de la procédure), ce serait étonnant.
    J’ai pour ma part l’impression que Sharapova sait qu’elle n’a aucune chance d’échapper à la suspension définitive, n’ayant aucune excuse, et qu’elle a décidé de prendre les devants, en annonçant elle-même son contrôle positif.
    Peut-être y a-t-il une part d’honnêteté derrière ce choix (souvenons-nous du cas Cilic, qui avait assez lamentablement prétexté une blessure durant sa suspension provisoire), ou peut-être essaie-t-elle d’allumer des contre-feux, d’amortir le choc de l’annonce de la suspension définitive, puisqu’elle peut dire à peu près ce qu’elle veut tant que le jugement définitif n’est pas prononcé… un peu comme un mis en examen se répand en interviews dans l’attente de son jugement, pour se gagner les faveurs du public, voire même mettre « la pression » sur le Tribunal…

    * pour ce qui est des décisions définitives en matière de suspension pour dopage, l’ITF est obligée de les publier, comme toutes les autres fédérations s’étant engagées à respecter les règles édictées par l’AMA.

    Publié par Astérix | 12 mars 2016, 13:58
  2. peut-être est-elle tombée dedans quand elle était petite ?

    Publié par obélix | 14 mars 2016, 01:42
  3. J’attends avec impatience le commentaire d’Idéfix !

    Publié par prisemarteau | 24 mars 2016, 03:04

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